Les dessous de la fabrication du tarama industriel pour ne plus se faire avoir par les colorants et autres additifs.
Nous avons tous déjà vu quelques blinis recouverts de tarama sur la table de l’apéro. Cette mystérieuse crème d’oeufs de poisson rose, voir rose fluo pour certaines marques. Tellement rose, que certains se demandent même si le tarama est une vraie recette ou une mixture inventée par les industriels. Pour la réponse, eh bien... le tarama est une vraie recette. C’est l’un des classiques de la gastronomie Grecque. Il est loin d’être rose. Place aux explications !
La fabrication du tarama pour les industriels, c’est un peu comme celle du jambon. Si c’est rose, c’est parce que le consommateur le veut comme cela. Nous ne saurons jamais qui des industriels ou des consommateurs a “instauré” le tarama rose. Mais ce qui est sûr c’est que nous n’avons pas vraiment demandé à manger des pucerons écrasés.
Vous avez bien lu : le colorant E120 rouge est fabriqué avec des Dactylopius coccus, une variété de cochenilles d’Amérique du Sud. Et c’est ce colorant que l’on utilise pour faire du tarama. Mais aussi des cosmétiques, soda, bonbons, médicaments, etc… La France est d’ailleurs l’un des plus gros importateur de colorant E120.
Une fois déshydratées, ces petites bêtes sont réduites en poudre. Ils donnent une teinte rouge, due à un acide qu’elles produisent. Avec une production de 3000 tonnes de tarama par an, les industriels français ont cherché à réduire les coûts. Et si vous avez lu notre article sur les additifs alimentaires, vous savez déjà que tout cela se passe au niveau des ingrédients. Et la clé de votre plaisir gastronomique (et de votre santé), c’est de lire l’étiquette.
La recette originale est plutôt simple : des oeufs de cabillaud fumés, du pain sec, du lait et de l’huile d’olive accompagnés d’un peu de citron et d’oignon.
Pourtant, certains de ces simples ingrédients ont été remplacés par d’autres, moins chers. Par exemple le pain s’est transformé en chapelure et l’huile d’olive, en huile de colza/tournesol bien moins coûteuse.
On en vient à se demander s’il y a bien des oeufs de cabillaud dans le tarama industriel... Pour qu’un tarama puisse être considéré comme tel, il doit contenir au moins 25% d’oeuf de cabillaud. Mais rien n’indique d’où doivent venir ces oeufs ni s’ils doivent être frais.
En effet, la plupart des taramas que l’on retrouve dans les rayons de supermarché sont réalisés à partir d’oeuf congelés. Puis ils sont transformés une sorte de pâte liquide pour pouvoir en produire toute l’année. Quant à la provenance des poissons… nous la cherchons encore ! Elle est souvent indiquée sur les taramas artisanaux : forcément lorsque l’on sait d’où viennent les poissons, c’est qu’on les a pêchés ou achetés au port local et préparés soi-même.
Au milieu de l’étiquette, un ingrédient assez singulier pour un produit à base de poisson : du sirop de glucose ou du sucre. Pourquoi du sucre dans le tarama ? Tout simplement car il va venir couvrir des goûts désagréables en bouche. Plusieurs ingrédients de basse qualité mélangés ensemble font rarement un mélange savoureux, il faut donc dissimuler tout ça sous une bonne dose de sucre.
Pour compléter le tout, plusieurs additifs sont ajoutés : conservateurs, acidifiants, exhausteurs de goût… Une recette bien éloignée de celle de la gastronomie Grecque.
Malgré tout, on trouve du vrai bon Tarama mais pour cela il faut s’éloigner un peu des grands supermarchés. D’ailleurs, le vrai tarama n’est pas du tout rose mais plutôt coquille d’oeuf / vanille, des couleurs plus discrètes mais surtout plus naturelles.
Quelques conserveries méditerranéennes préparent leur propre tarama : les oeufs sont récupérés sur les poissons issus de la pêche locale puis préparés à la main et la recette est cuisinée “comme à la maison”, sans conservateurs ni autre substituts.
Le tarama est aussi très facile à préparer à la maison. Les ingrédients sont de ceux que l’on a tout le temps dans la cuisine et les oeufs de cabillaud se trouvent facilement en supermarché ou magasins spécialisés.
En dégustant un tarama artisanal ou fait maison, on redécouvre le goût délicat des oeufs de cabillaud fumés dans une recette justement travaillée.Et on se régale, tout simplement.
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