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Safran de Cuges : une exploitation de safran en Provence

28/06/18
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Safran de Cuges

Cultiver du safran ce n’est pas si simple mais c’est plaisant… et ce n’est pas Anne, productrice de Safran de Cuges, qui nous dira le contraire ! Il y a quelques années, elle s’est lancée dans l’exploitation de l’or rouge à Cuges-les-Pins, berceau historique de la culture du safran. Nous nous sommes rendus sur sa safranière pour qu’elle nous raconte son histoire avec cette épice extraordinaire.

Quel a été votre parcours professionnel avant de créer Safran de Cuges ?

Il est un peu bizarre comme beaucoup de parcours professionnels. J’ai un BTS d’économie sociale et familiale, un diplôme de travailleur social, ce qui n’a rien à voir avec l’agriculture.

Pourquoi vous êtes-vous donc lancée dans la culture du safran ?

Le travail de la terre c’est quelque chose qui m’a toujours turlupiné. Mes grands-parents étaient agriculteurs, mes parents travaillaient la terre et avaient des chevaux. Je suis une passionnée de la nature depuis toute petite. Néanmoins, dans cette région, travailler la terre en ayant pas de foncier c’était très compliqué, un foncier coûte cher et je n’avais pas hérité d’une exploitation agricole de ma famille. J’ai donc acheté cette parcelle qui fait 3500 m² il y a sept ans avec mon mari. On avait déjà réfléchi à un projet agricole mais, sur une petite surface il n’y a pas énormément de plantes qu’on puisse cultiver tout en y sortant une production.

Nous nous sommes intéressés au safran. Dans la commune de Cuges on le cultive depuis des décennies ; il y avait deux spécialités culturales ici : le safran et la câpre. La câpre est encore plus connue que le safran puisqu’elle alimentait les tables des rois, des tsars de Russie… la câpre de Cuges c’est quelque chose qui était réputé à l’international. C’est beaucoup moins le cas maintenant puisqu’il n’y a plus de câprier à Cuges. La vigne a remplacé les câpres.

Le safran c’est une culture qui me plait mais ça ne m’empêche pas de continuer mon travail auprès de personnes handicapées sur Marseille à mi-temps. J’ai donc deux métiers, les deux me plaisent et, en plus, le métier d’agricultrice me permet de m’aérer par rapport au métier de travailleur social qui est quand même assez dur psychologiquement.

N’est-ce pas trop dur de devoir concilier les deux justement ?

Concilier les deux c’est très compliqué, surtout quand on a une grande famille comme la mienne. Mais en même temps c’est un projet de couple, un projet familial également parce que les enfants sont parties prenantes. On a des chevaux pour travailler la terre, les enfants aiment s’en occuper, et ils peuvent les monter donc c’est un véritable plaisir pour eux.

Comment se passent les récoltes ?

S’il fait beau, on vient sur la safranière le matin, dès que la rosée est sèche donc pour nous à Cuges, ça correspond à peu près à 8h30/9h le matin (en octobre/novembre). On ramasse alors des fleurs semi ouvertes si possible. En fonction de la météo de la nuit, la floraison peut permettre de ramasser de 3 jusqu’à 10, 20, 1000 fleurs en une matinée. C’est très variable. Pendant la floraison, il y a en général une montée en puissance pendant la première semaine, on peut avoir jusqu’à 10 000, 20 000 fleurs. Il y a un pic de deux ou trois jours la plupart du temps où le champ est violet, il faut tout ramasser, et ces jours-là on ne dort pas beaucoup. Après, ça redescend progressivement durant les deux dernières semaines.

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Que faites-vous des fleurs une fois que vous avez récupéré le Safran ?

On ramène les fleurs à la maison, on se met autour de la table et puis on les ouvre toutes. On récupère les pistils, uniquement la partie rouge pour avoir un safran de qualité, haut de gamme. Ensuite on met les pétales à sécher pour qu’ils partent dans la cosmétique. Cela permet de sortir un produit qui contient énormément d’antioxydants, et de créer des crèmes que je vends à Kesari, une ligne de cosmétiques bio à Avignon.

Combien faut-il de fleurs pour avoir 1g de safran ?

Il faut à peu près 20 fleurs pour faire un décigramme donc environ 200, 250 fleurs pour faire un gramme. Ici je produis entre 250 et 350 grammes de safran les meilleures années.

Quels produits faites-vous avec votre safran ?

Actuellement je fais des confitures safranées. confiture abricot/safran, confiture pomme/safran, j’ai aussi essayé poire/safran cette année, c’est très bon ! Je fais également de la confiture à la gigérine/méréville/citre ou courge à confiture, on l’appelle différemment en fonction des endroits mais c’est la même plante.

Ma safranière est bio donc je ne mets pas de désherbant. Je suis la charte de récolte de l’association Safran Provence au niveau cultural et au niveau récolte. Le séchage et la récolte sont les moments les plus importants pour avoir un bon safran. Le reste c’est de l’entretien agricole, ça prend du temps mais ça n’interfère pas sur la qualité du safran, sauf si on y met des produits chimiques. Donc, dans le cadre de cette charte, je réponds à la norme ISO 3632 en catégorie 1. Je tiens à le dire parce que l’analyse chimique est très importante pour savoir la qualité du safran.

Vous avez un beau projet en préparation, racontez-nous…

Au pays d’Aubagne, nous avons une marque, Les Jardins du pays d’Aubagne et avec cette marque, plusieurs paysans faisant des produits végétaux se sont regroupés pour faire un atelier de transformation collectif. Nous voulons créer cet atelier pour transformer nos produits végétaux pour augmenter notre gamme aux clients. Par exemple, les maraîchers ont des invendus, des surproductions parfois et ne peuvent pas les utiliser, ça part au compost, c’est détruit et c’est dommage. Donc l’idée c’est d’utiliser ces retours de marché et ces invendus, de faire des bocaux de recettes diverses et variées à partir de végétaux et de les revendre, ce qui permettrait aux gens d’avoir des légumes et des fruits issus de notre territoire toute l’année. Je me rajoute sur le projet en faisant mes produits dérivés mais pourquoi pas à l’avenir mettre du safran dans les produits dérivés des bocaux de mes collègues paysans. Ça viendra peut-être !

Chez Temps Gourmand nous avons été conquis pas les produits safranés de Safran de Cuges et nous trouvons qu’il est donc indispensable de vous les faire découvrir. Régalez-vous avec ses délicieuses confitures et sa gelée à base de safran. Des produits sains, qui raviront vos palais gourmands !

Retrouvez notre article sur la culture du safran

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